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KANT.

allemands, plus rapprochés du système de Platon, ont en effet pensé que le type du monde étoit dans l’esprit humain, et que l’homme ne pourroit concevoir l’univers s’il n’en avoit pas l’image innée en lui-même ; mais il n’est pas question de cette doctrine dans Kant : il réduit les sciences intellectuelles à trois, la logique, la métaphysique et les mathématiques. La logique n’enseigne rien par elle-même, mais comme elle repose sur les lois de notre entendement, elle est incontestable dans ses principes, abstraitement considérés ; cette science ne peut conduire à la vérité que dans son application aux idées et aux choses ; ses principes sont innés, son application est expérimentale. Quant à la métaphysique, Kant nie son existence, puisqu’il prétend que le raisonnement ne peut avoir lieu que dans la sphère de l’expérience. Les mathématiques seules lui paroissent dépendre immédiatement de la notion de l’espace et du temps, c’est-à-dire des lois de notre entendement, antérieures a l’expérience. Il cherche à prouver que les mathématiques ne sont point une simple analyse, mais une science synthétique, positive, créatrice, et certaine par elle-même, sans qu’on ait, besoin de recourir à expérience pour s’assurer de sa vérité. On peut