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KANT.

CHAPITRE VI.

Kant.


Kant a vécu jusque dans un âge très-avancé, et jamais il n’est sorti de Kœnigsberg ; c’est là qu’au milieu des glaces du nord il a passé sa vie entière à méditer sur les lois de l’intelligence humaine. Une ardeur infatigable pour l’étude lui a fait acquérir des connoissances sans nombre. Les sciences, les langues, la littérature, tout lui étoit familier ; et sans rechercher la gloire dont il n’a joui que très-tard, n’entendant que dans sa vieillesse le bruit de sa renommée, il s’est contenté du plaisir silencieux de la réflexion. Solitaire, il contemploit son âme avec recueillement ; l’examen de la pensée lui prêtoit de nouvelles forces à l’appui de la vertu, et quoiqu’il ne se mêlât jamais avec les passions ardentes des hommes, il a su forger des armes pour ceux qui seroient appelés à les combattre.