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SUR LA PHILOSOPHIE ALLEMANDE

mystère donne plus d’étendue à l’esprit ; il en est de la métaphysique comme de l’alchimie : en cherchant la pierre philosophale, en s’attachant à découvrir l’impossible, on rencontre sur la route des vérités qui nous seroient restées inconnues ; d’ailleurs on ne peut empêcher un être méditatif de s’occuper au moins quelque temps de la philosophie transcendante ; cet élan de la nature spirituelle ne sauroit être combattu qu’en la dégradant.

On a réfuté avec succès l’harmonie préétablie de Leibnitz qu’il croyoit une grande découverte ; il se flattoit d’expliquer les rapports de l’âme et de la matière en les considérant l’une et l’autre comme des instruments accordés d’avance qui se répètent, se répondent et s’imitent mutuellement. Ses monades, dont il fait les éléments simples de l’univers, ne sont qu’une hypothèse aussi gratuite que toutes celles dont on s’est servi pour expliquer l’origine des choses ; néanmoins dans quelle perplexité singulière l’esprit humain n’est-il pas ? Sans cesse attiré vers le secret de son être, il lui est également impossible et de le découvrir, et de n’y pas songer toujours.

Les Persans disent que Zoroastre interrogea la Divinité et lui demanda comment le monde avoit