tèmes métaphysiques, fussent-ils erronés, ne pouvoient être funestes. Ce qui manque en France, en tout genre, c’est le sentiment et l’habitude du respect, et l’on y passe bien vite de l’examen qui peut éclairer à l’ironie qui réduit tout en poussière.
Il me semble qu’on pourroit marquer dans le dix-huitième siècle, en France, deux époques parfaitement distinctes, celle dans laquelle l’influence de l’Angleterre s’est fait sentir, et celle où les esprits se sont précipités dans la destruction : alors les lumières se sont changées en incendie, et la philosophie, magicienne irritée, a consumé le palais où elle avoit étalé ses prodiges.
En politique, Montesquieu appartient à la première époque, Raynal à la seconde ; en religion, les écrits de Voltaire, qui avoient la tolérance pour but, sont inspirés par l’esprit de la première moitié du siècle ; mais sa misérable et vaniteuse irréligion a flétri la seconde. Enfin, en métaphysique, Condillac et Helvétius, quoiqu’ils fussent contemporains, portent aussi l’un et l’autre l’empreinte de ces deux époques si différentes ; car, bien que le système entier de la philosophie des sensations soit mauvais dans son principe, cependant les conséquences qu’Helvé-