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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

dans le génie de Newton comme dans l’âme du pauvre sauvage dévot envers la pierre sur laquelle il s’est reposé. Nul homme ne s’en est tenu au monde extérieur, tel qu’il est, et tous se sont senti au fond du cœur, dans une époque quelconque de leur vie, un indéfinissable attrait pour quelque chose de surnaturel ; mais comment se peut-il qu’un être aussi religieux que Locke s’attache à changer les caractères primitifs de la foi en une connoissance accidentelle que le sort peut nous ravir ou nous accorder ? Je le répète, la tendance d’une doctrine quelconque doit toujours être comptée pour beaucoup dans le jugement que nous portons sur la vérité de cette doctrine ; car, en théorie, le bon et le vrai sont inséparables.

Tout ce qui est visible parle à l’homme de commencement et de fin, de décadence et de destruction. Une étincelle divine est seule en nous l’indice de l’immortalité. De quelle sensation vient-elle ? Toutes les sensations la combattent, et cependant elle triomphe de toutes. Quoi, dira-t-on, les causes finales, les merveilles de l’univers, la splendeur des cieux qui frappe nos regards, ne nous attestent elles pas la magnificence et la bonté du Créateur ? Le livre