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DE LA CONTEMPLATION DE LA NATURE.

des animaux et des hommes endormis. Les passagers de ce grand vaisseau qu’on appelle le monde se laissent bercer dans le cercle que décrit leur voyageuse demeure.

La paix et la discorde, l’harmonie et la dissonance, qu’un lien secret réunit, sont les premières lois de la nature, et, soit qu’elle se montre redoutable ou charmante, l’unité sublime qui la caractérise se fait toujours reconnoitre. La flamme se précipite en vagues comme les torrents ; les nuages qui parcourent les airs prennent quelquefois la forme des montagnes et des vallées, et semblent imiter en se jouant l’image de la terre. Il est dit dans la Genèse « que le Tout-Puissant sépara les eaux de la terre des eaux du ciel, et les suspendit dans les airs. » Le ciel est en effet un noble allié de l’océan ; l’azur du firmament se fait voir dans les ondes, et les vagues se peignent dans les nues. Quelquefois quand l’orage se prépare dans l’atmosphère, la mer frémit au loin, et l’on diroit qu’elle répond par le trouble de ses flots au mystérieux signal qu’elle a reçu de la tempête.

M. de Humboldt dit, dans ses vues scientifiques et poétiques sur l’Amérique méridionale, qu’il a été témoin d’un phénomène observé dans