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LA RELIGION ET L’ENTHOUSIASME.

cupés de la contemplation de la nature sous des rapports religieux, deux méritent une attention particulière : Novalis comme poëte, et Schubert comme physicien. Novalis, homme d’une naissance illustre, étoit initié dès sa jeunesse dans les études de tout genre que la nouvelle école a développées en Allemagne ; mais son âme pieuse a donné un grand caractère de simplicité à ses poésies. Il est mort à vingt-six ans ; et c’est lorsqu’il n’étoit déjà plus que les chants religieux qu’il a composés ont acquis en Allemagne une célébrité touchante. Le père de ce jeune homme est morave ; et quelque temps après la mort de son fils il alla visiter une communauté de ses frères en religion, et dans leur église il entendit chanter les poésies de son fils, que les moraves avoient choisies pour s’édifier, sans en connoître l’auteur.

Parmi les œuvres de Novalis on distingue des hymnes à la nuit qui peignent avec une grande force le recueillement qu’elle fait naître dans l’âme. L’éclat du jour peut convenir à la joyeuse doctrine du paganisme ; mais le ciel étoilé paroît le véritable temple du culte le plus pur. C’est dans l’obscurité des nuits, dit un poëte allemand, que l’immortalité s’est révélée à l’homme, la lu-