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DE LA CONTEMPLATION DE LA NATURE.

Il en est qui croient voir en tout deux principes, celui du bien et celui du mal, se combattant sans cesse ; et soit qu’on attribue ce combat à une puissance infernale, soit, ce qui est plus simple à penser, que le monde physique puisse être l’image des bons et des mauvais penchants de l’homme, toujours est-il vrai que ce monde offre à l’observation deux faces absolument contraires.

Il y a, l’on ne sauroit le nier, un côté terrible dans la nature comme dans le cœur humain, et l’on y sent une redoutable puissance de colère. Quelle que soit la bonne intention des partisans de l’optimisme, plus de profondeur se fait remarquer, ce me semble, dans ceux qui ne nient pas le mal, mais qui comprennent la connexion de ce mal avec la liberté de l’homme, avec l’immortalité qu’elle peut lui mériter.

Les écrivains mystiques dont j’ai parlé dans les chapitres précédents voient dans l’homme l’abrégé du monde, et dans le monde l’emblème des dogmes du christianisme. La nature leur paroît l’image corporelle de la divinité, et ils se plongent toujours plus avant dans la signification profonde des choses et des êtres.

Parmi les écrivains allemands qui se sont oc-