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DE L’ESPRIT DE SECTE

s’y entend trop bien au réel de la vie, pour ne pas transformer en action ce qu’on désire, et en pratique ce qu’on pense ; mais peut-être y est-on trop étranger à l’esprit de secte : on n’y tient pas assez aux idées abstraites pour mettre de la chaleur à les défendre ; d’ailleurs l’on ne veut être lié par aucun genre d’opinions, afin de s’avancer plus libre au-devant de toutes les circonstances. Il y a plus de bonne foi dans l’esprit de secte que dans l’esprit de parti, ainsi les Allemands doivent être bien plus propres à l’un qu’à l’autre.

Il faut distinguer trois espèces de sectes religieuses et philosophiques en Allemagne ; premièrement, les différentes communions chrétiennes qui ont existé, surtout à l’époque de la réformation, lorsque tous les esprits se sont tournés vers les questions théologiques ; secondement, les associations secrètes ; et enfin les adeptes de quelques systèmes particuliers dont un homme est le chef. Il faut ranger dans la première classe les anabaptistes et les moraves ; dans la seconde, la plus ancienne des associations secrètes, les francs-maçons ; et dans la troisième, les différents genres d’illuminés.

Les anabaptistes étoient plutôt une secte ré-