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DES PHILOSOPHES THÉOSOPHES

un cordonnier allemand, qui vivoit au commencément du dix-septième siècle ; il a fait tant de bruit dans son temps, que Charles I envoya un homme exprès à Gorlitz, lieu de sa demeure, pour étudier son livre et le rapporter en Angleterre. Quelques-uns de ses écrits ont été traduits en français par M. de Saint-Martin : ils sont très-difiiciles à comprendre ; cependant l’on ne peut s’empêcher de s’étonner qu’un homme sans culture d’esprit ait été si loin dans la contemplation de la nature. Il la considère en général comme un emblème des principaux dogmes du christianisme ; partout il croit voir dans les phénomènes du monde les traces de la chute de l’homme et de sa régénération, les effets du principe de la colère et de celui de la miséricorde ; et tandis que les philosophes grecs tâchoient d’expliquer le monde par le mélange des éléments de l’air, de l’eau et du feu, Jacob Bœhme n’admet que la combinaison des forces morales, et s’appuie sur des passages de l’Évangile pour interpréter l’univers.

De quelque manière que l’on considère ces singuliers écrits qui, depuis deux cents ans, ont toujours trouvé des lecteurs ou plutôt des adeptes, on ne peut s’empêcher de remarquer les deux