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DES PHILOSOPHES THÉOSOPHES

au scepticisme, soit qu’elle mène à la foi la plus universelle, on est souvent tenté de passer des heures entières, comme les faquirs, à se demander ce que c’est que la vie. Loin de dédaigner ceux qui sont ainsi dévorés par la contemplation, on ne peut s’empêcher de les considérer comme les véritables seigneurs de l’espèce humaine, auprès desquels ceux qui existent sans réfléchir ne sont que des serfs attachés à la glèbe. Mais comment peut-on se flatter de donner quelque consistance à ses pensées, qui, semblables aux éclairs, replongent dans les tenèbres après avoir un moment jeté sur les objets d’incertaines lueurs.

Il peut être intéressant toutefois d’indiquer la direction principale des systèmes théosophes, c’est-à-dire des philosophes religieux qui n’ont cessé d’exister en Allemagne depuis l’établissement du christianisme, et surtout depuis la renaissance des lettres. La plupart des philosophes grecs ont fondé le système du monde sur l’action des élélnents ; et si l’on n’en excepte Pythagore et Platon, qui tenoient de l’Orient leur tendance à l’idéalisme, les penseurs de l’antiquité expliquent tous l’organisation de l’univers par des lois physiques. Le christianisme, en allumant la vie in-