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DE LA DOULEUR

aime ses semblables. Une voix qui nous répond, des regards qui se confondent avec les nôtres, paroissent pleins de vie, tandis que le ciel immense se tait : mais par degrés l’âme s’élève jusqu’à sentir son Dieu près d’elle comme un ami.

Mon fils, il faut prier comme on aime, en mêlant la prière à toutes nos pensées : il faut prier, car alors on n’est plus seul ; et quand la résignation descendra doucement en vous, tournez vos regards vers la nature : on diroit que chacun y retrouve le passé de sa vie, quand il n’en existe plus de traces parmi les hommes. Rêvez à vos chagrins comme à vos plaisirs en contemplant ces nuages tantôt sombres et tantôt brillants que le vent fait disparoitre : et soit que la mort vous ait ravi vos amis, soit que la vie plus cruelle encore ait déchiré vos liens avec eux, vous apercevrez dans les étoiles leur image divinisée ; ils vous apparoîtront tels que vous les reverrez un jour. »