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DE LA MYSTICITÉ.

dont tout le monde a besoin, c’est de ce qui fortifie la disposition intérieure avec laquelle on peut lutter contre les penchants orageux de notre nature.

S’il n’étoit question que de bien raisonner avec les hommes, pourquoi les parties du culte qui ne sont que des chants et des cérémonies porteroient-elles autant et plus que les sermons au recueillement de la piété ? La plupart des prédicateurs s’en tiennent à déclamer contre les mauvais penchants, au lieu de montrer comment on y succombe et comment on y résiste ; la plupart des prédicateurs sont des juges qui instruisent le procès de l’homme : mais les prêtres de Dieu doivent nous dire ce qu’ils souffrent et ce qu’ils espèrent, comment ils ont modifié leur caractère par de certaines pensées ; enfin nous attendons d’eux les mémoires secrets de l’âme dans ses relations avec la divinité.

Les lois prohibitives ne suffisent pas plus dans le gouvernement de chaque individu que dans celui des états. L’art social a besoin de mettre en mouvement des intérêts animés pour alimenter la vie humaine ; il en est de même des instituteurs religieux de l’homme ; ils ne peuvent le préserver des passions qu’en excitant dans son cœur une