sentiment, et rien n’empêche d’àimer que la misère du cœur.
L’on attribue faussement un inconvénient très-grave à la mysticité. Malgré la sévérité de ses principes, on prétend qu’elle rend trop indulgent sur les œuvres, à force de ramener la religion aux impressions intérieures de l’âme, et qu’elle porte les hommes à se résigner à leurs propres défauts, comme aux événements inévitables. Rien ne seroit assurément plus contraire à l’esprit de l’Évangile que cette manière d’interpréter la soumission à la volonté de Dieu. Si l’on admettoit que le sentiment religieux dispense en rien des actions, il en résulteroit non-seulement une foule d’hypocrites qui prétendroient qu’il ne faut pas les juger par ces vulgaires preuves de religion qu’on appelle les œuvres, et que leurs communications secrètes avec la divinité sont d’un ordre bien supérieur à l’accomplissement des devoirs ; mais il y auroit aussi des hypocrites avec eux-mêmes, et l’on tueroit de cette manière la puissance des remords. En effet, qui n’a pas avec un peu d’imagination des moments d’attendrissement religieux ? Qui n’a a pas quelquefois prié avec ardeur ? Et si cela suffisoit pour être dispensé de la stricte observance des devoirs,