révélation du christianisme peut se renouveler en quelque sorte dans l’âme chaque fois qu’elle s’élève avec ardeur vers le ciel. Quand on croit qu’il n’existe plus de communication immédiate entre l’Être Suprême et l’homme, la prière n’est pour ainsi dire qu’un monologue ; mais elle devient un acte bien plus secourable, lorsqu’on est persuadé que la divinité se fait sentir au fond de notre cœur. En effet, on ne sauroit nier, ce me semble, qu’il ne se passe en nous des mouvements qui ne nous viennent en rien du dehors, et qui nous calment ou nous soutiennent, sans qu’on puisse les attribuer à la liaison ordinaire des événements de la vie.
Des hommes qui ont mis de l’amour-propre dans une doctrine en entier fondée sur l’abnégation de l’amour-propre ont tiré parti de ces secours inattendus pour se faire des illusions de tout genre : ils se sont crus des élus ou des prophètes ; ils se sont imaginé qu’ils avoient des visions ; enfin ils sont entrés en superstition vis-à-vis d’eux-mêmes. Que ne peut l’orgueil humain, puisqu’il s’insinue dans le cœur sous la forme même de l’humilité ! Mais il n’en est pas moins vrai que rien n’est plus simple et plus pur que les rapports de l’âme avec Dieu, tels qu’ils