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DU CATHOLICISME.

A-Kempis, Fénélon, S. François-de-Sales, etc. ; et chez les protestants un grand nombre d’écrivains anglais et allemands ont été des mystiques, c’est-à-dire des hommes qui faisoient de la religion un amour, et la mèloient à toutes leurs pensées comme à toutes leurs actions.

Le sentiment religieux, qui est la base de toute la doctrine des mystiques, consiste dans une paix intérieure pleine de vie. Les agitations des passions ne laissent point de calme : la tranquillité de la sécheresse et de la médiocrité d’esprit tue la vie de l’âme ; il n’y a que dans le sentiment religieux qu’on trouve une réunion parfaite du mouvement et du repos. Cette disposition n’est continuelle, je crois, dans aucun homme, quelque pieux qu’il puisse être ; mais le souvenir et l’espérance de ces saintes émotions décident de la conduite de ceux qui les ont éprouvées.

Si l’on considère les peines et les plaisirs de la vie comme l’effet du hasard ou du bien joué, alors le désespoir et la joie doivent ètre pour ainsi dire des mouvements convulsifs. Car quel hasard que celui qui dispose de notre existence ? quel orgueil ou quel regret ne doit-on pas éprouver, quand il s’agit d’une démarche qui a pu influer sur tout notre sort ? À quels tourments