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DE LA PHILOSOPHIE ANGLAISE.

tériels, se tromper autant sur les caractères et les affections des hommes, qu’un être enthousiaste qui se figureroit partout le désintéressement et l’amour.

On suit un faux système d’éducation lorsqu’on veut développer exclusivement telle ou telle qualité de l’esprit ; car se vouer à une seule faculté, c’est prendre un métier intellectuel. Milton dit avec raison qu’une éducation n’est bonne que quand elle rend propre à tous les emplois de La guerre et de la paix ; tout ce qui fait de l’homme un homme est le véritable objet de l’enseignement.

Ne savoir d’une science que ce qui lui est particulier, c’est appliquer aux études libérales la division du travail de Smith, qui ne convient qu’aux arts mécaniques. Quand on arrive à cette hauteur où chaque science touche par quelques points à toutes les autres, c’est alors qu’on approche de la région des idées universelles ; et l’air qui vient de là vivifie toutes les pensées.

L’âme est un foyer qui rayonne dans tous les sens ; c’est dans ce foyer que consiste l’existence ; toutes les observations et tous les efforts des philosophes doivent se tourner vers ce moi,