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LA RELIGION ET L’ENTHOUSIASME.

avoit embrassée. Tous deux s’adressèrent en communiant ensemble les passages de l’Évangile faits pour resserrer d’un même lien les étrangers comme les amis ; et, renfermant dans leur cœur tous les deux leurs sentiments les plus intimes, ils sembloient oublier leurs relations personnelles en présence de la divinité, pour qui les pères et les fils, sont tous également des serviteurs du tombeau et des enfants de l’espérance.

Quelle poésie, quelle émotion, source de toute poésie, pouvoit manquer au service divin dans un tel moment !

Les hommes dont les affections sont désintéressées et les pensées religieuses ; les hommes qui vivent dans le sanctuaire de leur conscience, et savent y concentrer, comme dans un miroir ardent, tous les rayons de l’univers ; ces hommes, dis-je, sont les prêtres du culte de l’âme, et rien ne doit jamais les désunir. Un abîme sépare ceux qui se conduisent par le calcul et ceux qui sont guidés par le sentiment ; toutes les autres différences d’opinions ne sont rien, celle-là seule est radicale. Il se peut qu’un, jour un cri d’union s’élève, et que l’universalité des chrétiens aspire à professer la même religion théologique, poli-