Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 3, 1814.djvu/323

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
305
DU CATHOLICISME.

ment en Orient, et que tous les hommes ont eu dans le cœur le souvenir d’un bonheur dont ils avoient été privés. En effet, il y a dans l’esprit humain deux tendances aussi distinctes que la gravitation et l’impulsion dans le monde physique : c’est l’idée d’une décadence et celle d’un perfectionnement. On diroit que nous éprouvons tout à la fois le regret de quelques beaux dons qui nous étoient accordés gratuitement, et l’espérance de quelques biens que nous pouvons acquérir par nos efforts ; de manière que la doctrine de la perfectibilité et celle de l’âge d’or réunies et confondues excitent tout à la fois dans l’homme le chagrin d’avoir perdu et l’émulation de recouvrer. Le sentiment est mélancolique, et l’esprit audacieux : l’un regarde en arrière, l’autre en avant ; de cette rêverie et de cet élan naît la véritable supériorité de l’homme, le mélange de contemplation et d’activité, de résignation et de volonté qui lui permet de rattacher au ciel sa vie dans ce monde.

Stolberg n’appelle chrétiens que ceux qui reçoivent avec la simplicité des enfants les paroles de récriture sainte ; mais il porte dans l’interprétation de ces paroles un esprit de philosophie qui ôte aux opinions catholiques ce qu’elles ont