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DU CATHOLICISME.

pas été élevé dans le protestantisme, peut-être n’auroit-il pas eu l’indépendance d’esprit qui lui sert à faire impression sur les hommes éclairés.

On trouve dans ce livre une connoissance parfaite des saintes écritures, et des recherches très-intéressantes sur les différentes religions de l’Asie en rapport avec le christianisme. Les Allemands du nord, lors même qu’ils se soumettent aux dogmes les plus positifs, savent toujours leur donner l’empreinte de leur philosophie.

Le comte de Stolberg attribue à l’Ancien Testament, dans son ouvrage, une beaucoup plus grande part que les écrivains protestants ne lui en accordent d’ordinaire. Il considère le sacrifice comme la base de toute religion, et la mort d’Abel comme le premier type de ce sacrifice qui fonde le christianisme. De quelque manière qu’on juge cette opinion, elle donne beaucoup à penser. La plupart des religions anciennes ont institué des sacrifices humains ; mais dans cette barbarie il y avoit quelque chose de remarquable : c’est le besoin d’une expiation solennelle. Rien ne peut effacer de l’âme en effet la conviction qu’il y a quelque chose de très-mystérieux dans le sang de l’innocent, et que la terre et le ciel s’en émeu-