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DU CATHOLICISME.

réformation, en introduisant l’esprit d’examen, a rendu l’imagination aride, et mis le doute à la place de la foi ; il faut donc, répètent ces mêmes hommes, revenir à l’unité de l’église en retournant au catholicisme. —

D’abord, si Charles-Quint avoit adopté le luthéranisme, il y auroit eu de même unité dans l’Allemagne, et le pays entier seroit, comme la partie du nord, l’asile des sciences et des lettres. Peut-être que cet accord auroit donné naissance à des institutions libres, combinées avec une force réelle ; et peut-être auroit-on évité cette triste séparation du caractère et des lumières qui a livré le nord à la rêverie et maintenu le midi dans son ignorance. Mais sans se perdre en conjectures sur ce qui seroit arrivé, calcul toujours très-incertain, on ne peut nier que l’époque de la réformation ne soit celle où les lettres et la philosophie se sont introduites en Allemagne. Ce pays ne peut être mis au premier rang ni pour la guerre, ni pour les arts, ni pour la liberté politique : ce sont les lumières dont l’Allemagne a droit de s’enorgueillir, et son influence sur l’Europe pensante date du protestantisme. De telles révolutions ne s’opèrent ni ne se détruisent par des raisonnements, elles appartiennent à la