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DU CULTE DES FRÈRES MORAVES.

font le lien de cette association : l’Évangile y est interprété de la manière la plus naturelle et la plus claire ; mais on y est fidèle aux conséquences de cette doctrine, et l’on met, sous tous les rapports, sa conduite en harmonie avec les principes religieux. Les communautés moraves servent surtout à prouver que le protestantisme, dans sa simplicité, peut mener au genre de vie le plus austère et à la religion la plus enthousiaste, la mort et l’immortalité bien comprises suffisent pour occuper et diriger toute l’existence.

J’ai été il y a quelque temps à Dintendorf, petit village près d’Erfurt, où une communauté de moraves s’est établie. Ce village est à trois lieues de toute grande route ; il est placé entre deux montagnes sur le bord d’un ruisseau ; des saules et des peupliers élevés l’entourent ; il y a dans l’aspect de la contrée quelque chose de calme et de doux qui prépare l’âme à sortir des agitations de la vie. Les maisons et les rues sont d’une propreté parfaite ; les femmes, toutes habillées de même, cachent leurs cheveux et ceignent leur tête avec un ruban dont les couleurs indiquent si elles sont mariées, filles ou veuves ; les hommes sont vêtus de brun, à peu près comme