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LA RELIGION ET L’ENTHOUSIASME.

inspirer. La tendance naturelle des esprits, en Allemagne, est de considérer la poésie comme une sorte de don prophétique, précurseur des dons divins ; ainsi ce n’étoit point une profanation de réunir à la croyance religieuse l’enthousiasme qu’elle inspire.

Herder n’étoit pas scrupuleusement orthodoxe ; cependant il rejetoit, ainsi que ses partisans, les commentaires érudits qui avoient pour but de simplifier la Bible, et qui l’anéantissoient en la simplifiant. Une sorte de théologie poétique, vague, mais animée, libre, mais sensible, tint la place de cette école pédantesque, qui croyoit marcher vers la raison en retranchant quelques miracles de cet univers, et cependant le merveilleux est à quelques égards peut-être plus facile encore à concevoir que ce qu’on est convenu d’appeler le naturel.

Schleiermacher, le traducteur de Platon, a écrit sur la religion des discours d’une rare éloquence ; il combat l’indifférence qu’on appeloit tolérance, et le travail destructeur qu’on faisoit passer pour un examen impartial. Schleiermacher n’est pas non plus un théologien orthodoxe ; mais il montre dans les dogmes religieux qu’il adopte de la force de croyance, et une grande