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DU PROTESTANTISME.

mulent sont des hypocrites, ou tout au moins des êtres bien arrogants et bien irréligieux. — Bien arrogants : car de quel droit s’imaginent-ils qu’ils sont de la classe des initiés, et que le reste du monde n’en est pas ? — Bien irréligieux : car s’il y avoit une vérité philosophique ou naturelle, une vérité enfin qui combattît la religion, cette religion ne seroit pas ce qu’elle est, la lumière des lumières.

Il faut hien mal connoitre le christianisme, c’est-à-dire la révélation des lois morales de l’homme et de l’univers, pour recommander à ceux qui veulent y croire l’ignorance, le secret et les ténèbres. Ouvrez les portes du temple ; appelez à votre secours le génie, les beaux-arts, les sciences, la philosophie ; rassemblez-les dans un même foyer pour honorer et comprendre l’auteur de la création ; et si l’amour a dit que le nom de ce qu’on aime semble gravé sur les feuilles de chaque fleur, comment l’empreinte de Dieu ne seroit-elle pas dans toutes les idées qui se rallient à la chaîne éternelle !

Le droit d’examiner ce qu’on doit croire est le fondement du protestantisme. Les premiers réformateurs ne l’entendoient pas ainsi : ils croyoient pouvoir placer les colonnes d’Hercule