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DU PROTESTANTISME.

alors qu’il y a paix entre elle et les lumières, et qu’elles se servent mutuellement.

Quelques écrivains ont beaucoup déclamé contre le système de la perfectibilité, et l’on auroit dit, à les entendre, que c’étoit une véritable atrocité de croire notre espèce perfectible. Il suffit en France qu’un homme de tel parti ait soutenu telle opinion, pour qu’il ne soit plus de bon goût de l’adopter ; et tous les moutons du même troupeau viennent donner, les uns après les autres, leurs coups de tête aux idées, qui n’en restent pas moins ce qu’elles sont.

Il est très-probable que le genre humain est susceptible d’éducation, aussi-bien que chaque homme, et qu’il y a des époques marquées pour les progrès de la pensée dans la route éternelle du temps. La réformation fut l’ère de l’examen et de la conviction éclairée qui lui succède. Le christianisme a d’abord été fondé, puis altéré, puis examiné, puis compris, et ces diverses périodes étoient nécessaires à son développement ; elles ont duré quelquefois cent ans, quelquefois mille ans. L’Être Suprême qui puise dans l’éternité n’est pas économe du temps à notre manière.

Quand Luther a paru, la religion n’étoit plus