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CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES, etc.

Néanmoins, comment la religion pourroit-elle nous être sans cesse présente, si nous ne la rattachions pas à tout ce qui doit occuper une belle vie, les affections dévouées, les méditations philosophiques et les plaisirs de l’imagination ? Un grand nombre de pratiques sont recommandées aux fidèles, afin qu’à tous les moments du jour la religion leur soit rappelée par les obligations qu’elle impose ; mais si la vie entière pouvoit être naturellement et sans effort un culte de tous les instants, ne seroit-ce pas mieux encore ? puisque l’admiration pour le beau se rapporte toujours à la divinité, et que l’élan même des pensées fortes nous fait remonter vers notre origine, pourquoi donc la puissance d’aimer, la poésie, la philosophie, ne seroient-elles pas les colonnes du temple de la foi ?