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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

y a deux mille ans, ne le soit encore ; mais, depuis deux mille ans, les raisonnements de la bassesse et de la corruption se sont tellement multipliés, que le philosophe homme de bien doit proportionner ses efforts à cette progression funeste. Les idées cornmunes ne sauroient lutter contre l’immoralité systématique ; il faut creuser plus avant, quand les veines extérieures des métaux précieux sont épuisées. On a si souvent vu, de nos jours, la foiblesse unie à beaucoup de vertu, qu’on s’est accoutumé à croire qu’il y avoit de l’énergie dans l’immoralité. Les philosophes allemands, et gloire leur en soit rendue, ont été les premiers, dans le dix-huitième siècle, qui aient mis l’esprit fort du côté de la foi, le génie du côté de la morale, et le caractère du côté du devoir.