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DES ÉCRIVAINS MORALISTES, etc.

défenseur de la vertu. Sans doute il est très-indifférent d’être accusé de niaiserie quand on exprime ce qu’on éprouve ; mais ce mot de niaiserie fait tant de peur aux gens médiocres, qu’on doit, s’il est possible, les préserver de son atteinte.

Les Allemands, craignant qu’on ne tourne leur loyauté en ridicule, veulent quelquefois, quoique bien à contre-cœur, s’essayer à l’immoralité, pour se donner un air brillant et dégagé. Les nouveaux philosophes, en élevant leur style et leurs conceptions à une grande hauteur, ont habilement flatté l’amour-propre de leurs adeptes, et l’on doit les louer de cet art innocent ; car les Allemands ont besoin de dédaigner pour devenir les plus forts. Il y a trop de bonhomie dans leur caractère, comme dans leur esprit ; ce sont les seuls hommes peut-être auxquels on pourroit conseiller l’orgueil comme un moyen de devenirs meilleurs. On ne sauroit nier que les disciples de la nouvelle école n’aient un peu trop suivi ce conseil ; mais ils n’en sont pas moins, à quelques exceptions près, les écrivains les plus éclairés et les plus courageux de leur pays.

— Quelle découverte ont-ils faite, dira-t-on ? — Nul doute que ce qui étoit vrai en morale, il