toute entière dans ces sentiments de confiance et d’anxiété qui remplissent l’âme errante entre le ciel et la terre, et le vivre n’a d’autre mobile que le mourir.
Une femme effrayée par les orages du midi souhaitoit d’aller dans la zone glacée, où l’on n’entend jamais la foudre, où l’on ne voit jamais les éclairs : — Nos plaintes sur le sort sont un peu du même genre, dit Engel. — En effet, il faut désenchanter la nature pour en écarter les périls. Le charme du monde semble tenir autant à la douleur qu’au plaisir, à l’effroi qu’à l’espérance ; et l’on diroit que la destinée humaine est ordonnée comme un drame, où la terreur et la pitié sont nécessaires.
Ce n’est point, sans doute, assez de ces pensées pour cicatriser les blessures du cœur ; tout ce qu’il éprouve lui semble un renversement de la nature, et nul n’a souffert sans croire qu’un grand désordre existoit dans l’univers. Mais quand un long espace de temps a permis de réfléchir, on trouve quelque repos dans les considérations générales, et l’on s’unit aux lois de l’univers, en se détachant de soi-même.
Les moralistes allemands de l’ancienne école sont, pour la plupart, religieux et sensibles ; leur