une terre où les créatures humaines étoient sujettes à la mort. Klopstock fait une peinture admirable de l’étonnement de ces êtres qui ignoroient la douleur de perdre les objets de leur amour : Engel développe avec talent une idée non moins frappante.
Un homme a vu périr ce qu’il avoit de plus cher, sa femme et sa fille. Un sentiment d’amertume et de révolte contre la Providence s’est emparé de lui : un vieux ami cherche à rouvrir son cœur à cette douleur profonde, mais résignée, qui s’épanche dans le sein de Dieu ; il veut lui montrer que la mort est la source de toutes les jouissances morales de l’homme.
Y auroit-il des affections de père et de fils, si l’existence des hommes n’étoit pas tout à la fois durable et passagère, fixée par le sentiment, entraînée par le temps ? S’il n’y avoit plus de décadence dans le monde, il n’y auroit pas de progrès : comment donc éprouveroit-on la crainte et l’espérance ? Enfin, dans chaque action, dans chaque sentiment, dans chaque pensée, il y a la part de la mort. Et non-seulement dans le fait, mais aussi dans l’imagination même, les jouissances et les chagrins qui tiennent à l’instabilité de la vie, sont inséparables. L’existence consiste