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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

atteindre. — Se peut-il, s’écrièrent les poissons, que tu sois le renard estimé le plus prudent entre les animaux ? tu serois le plus ignorant de tous, si tu nous donnois sérieusement un tel conseil. L’onde est pour nous l’élément de la vie ; et nous est-il possible d’y renoncer parce que des dangers nous menacent ! — Pappus, l’application de cette fable est facile : la doctrine religieuse est pour nous la source de tout bien ; c’est par elle, c’est pour elle seule que nous existons ; dût-on nous poursuivre dans son sein, nous ne voulons point nous soustraire au péril, en nous réfugiant dans la « mort. »

La plupart des gens du monde ne conseillent pas mieux que le renard : quand ils voient les âmes sensibles agitées par les peines du cœur, ils leur proposent toujours de sortir de l’air où est l’orage pour entrer dans le vide qui tue.

Engel, comme Mendelsohn, enseigne la morale d’une manière dramatique. Ses fictions sont peu de chose ; mais leur rapport avec l’âme est intime. Dans l’une il peint un vieillard devenu fou par l’ingratitude de son fils, et le sourire du vieillard pendant qu’on raconte son malheur est