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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

objets extérieurs sont la cause de tout ce qui se passe dans notre âme, quelle pensée indépendante nous affranchiroit de leur influence ? La fatalité qui descendoit du ciel remplissoit l’âme d’une sainte terreur, tandis que celle qui nous lie à la terre ne fait que nous dégrader. À quoi bon toutes ces questions, dira-t-on ? À quoi bon ce qui n’est pas cela, pourroit-on répondre ? Car qu’y a-t-il de plus important pour l’homme que de savoir s’il a vraiment la responsabilité de ses actions, et dans quel rapport est la puissance de la volonté avec l’empire des circonstances sur elle ? Que seroit la conscience si nos habitudes seules l’avoient fait naître, si elle n’étoit rien que le produit des couleurs, des sons, des parfums, enfin des circonstances de tout genre dont nous aurions été environnés pendant notre enfance ?

La métaphysique, qui s’applique à découvrir quelle est la source de nos idées, influe puissamment par ses conséquences sur la nature et la force de notre volonté ; cette métaphysique est à la fois la plus haute et la plus nécessaire de nos connoissances, et les partisans de l’utilité suprême, de l’utilité morale, ne peuvent la dédaigner ?