Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 3, 1814.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
JACOBI.

dans l’homme ; il est dans l’esprit de la nation d’aimer en tout l’autorité. Les philosophes allemands, et Jacobi principalement, respectent ce qui constitue l’existence particulière de chaqne être, et jugent les actions à leur source, c’est-à-dire d’après l’impulsion bonne ou mauvaise qui les a causées. Il y a mille moyens d’être un très-mauvais homme sans blesser aucune loi reçue, comme on peut faire une détestable tragédie en observant toutes les règles et toutes les convenances théâtrales. Quand l’âme n’a pas d’élan naturel, elle voudroit savoir ce qu’on doit dire et ce qu’on doit faire dans chaque circonstance, afin d’être quitte envers elle-même et envers les autres, en se soumettant à ce qui est ordonné. La loi cependant ne peut apprendre en morale, comme en poésie, que ce qu’il ne faut pas faire mais en toutes choses, ce qui est bon et sublime ne nous est révélé que par la divinité de notre cœur.

L’utilité publique, telle que je l’ai développée dans les chapitres précédents, pourroit conduire à être immoral par moralité. Dans les rapports privés au contraire, il peut arriver quelquefois qu’une conduite parfaite selon le monde vienne d’un mauvais principe, c’est-à-dire qu’elle tienne