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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

CHAPITRE XVI.

Jacobi.


Il est difficile de rencontrer, dans aucun pays, un homme de lettres d’une nature plus distinguée que celle de Jacobi ; avec tous les avantages de la figure et de la fortune, il s’est voué depuis sa jeunesse, depuis quarante années, à la méditation. La philosophie est d’ordinaire une consolation ou un asile, mais celui qui la choisit, quand toutes les circonstances lui promettent de grands succès dans le monde, n’en est que plus digne de respect. Entraîné par son caractère à reconnoître la puissance du sentiment, Jacobi s’est occupé des idées abstraites, surtout pour montrer leur insuffisance. Ses écrits sur la métaphysique sont très-estimés en Allemagne ; cependant c’est surtout comme grand moraliste que sa réputation est universelle. Il a combattu le premier la morale fondée sur l’intérêt, et donnant pour principe à la sienne le