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DU PRINCIPE DE LA MORALE, etc.

choses éternelles ; un autre, que la nature fait entendre la volonté de Dieu à l’homme et qu’il y a dans l’univers une voix gémissante et captive qui l’invite à délivrer le monde et lui-même en combattant le principe du mal sous toutes ses apparences funestes. Ces divers systèmes tiennent à l’imagination de chaque écrivain et sont adoptés par ceux qui sympathisent avec lui ; mais la direction générale de ces opinions est toujours la même. Affranchir l’âme de l’influence des objets extérieurs, placer l’empire de nous en nous-mêmes, et donner à cet empire le devoir pour loi, et pour espérance une autre vie.

Sans doute les vrais chrétiens ont enseigné de tout temps la même doctrine : mais ce qui distingue la nouvelle école allemande, c’est de réunir à tous ces sentiments, dont on vouloit faire le partage des simples et des ignorants, la plus haute philosophie et les connoissances les plus positives. Le siècle orgueilleux étoit venu nous dire que le raisonnement et les sciences détruisoient toutes les perspectives de l’imagination ; toutes les terreurs de la conscience, toutes les croyances du cœur, et l’on rougissoit de la moitié de son être déclarée foible et presque insensée ;