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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

chant à savoir si cet esprit agit spontanément, ou s’il ne peut penser que provoqué par les objets extérieurs, nous aurons des lumières de plus sur le libre arbitre de l’homme, et par conséquent sur le vice et la vertu.

Une foule de questions morales et religieuses dépendent de la manière dont on considère l’origine et la formation de nos idées. C’est surtout la diversité des systèmes, à cet égard qui sépare les philosophes allemands des philosophes français. Il est aisé de concevoir que si la différence est à la source, elle doit se manifester dans tout ce qui en dérive ; il est donc impossible de faire connaître l’Allemagne, sans indiquer la marche de la philosophie qui, depuis Leibnitz jusqu’à nos jours, n’a cessé d’exercer un si grand empire sur la république des lettres.

Il y a deux manières d’envisager la métaphysique de l’entendement humain ou dans sa théorie, ou dans ses résultats. L’examen de la théorie exige une capacité qui m’est étrangère ; mais il est facile d’observer l’influence qu’exerce telle ou telle opinion métaphysique sur le développement de l’esprit et de l’âme. L’évangile nous dit qu’il faut juger les prophètes par leurs œuvres : cette maxime peut aussi nous guider