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DE LA PHILOSOPHIE.

La première de ces études, celle qui s’attache à connoître le secret de l’univers, a été cultivée chez les Grecs comme elle l’est maintenant chez les Allemands. On ne peut nier qu’une telle recherche, quelque sublime qu’elle soit dans son principe, ne nous fasse sentir à chaque pas notre impuissance, et le découragement suit les efforts qui ne peuvent atteindre à un résultat. L’utilité de la troisième classe des observations métaphysiques, celle qui se renferme dans la connoissance des actes de notre entendement, ne sauroit être contestée ; mais cette utilité se borne au cercle des expériences journalières. Les méditations philosophiques de la seconde classe, celles qui se dirigent sur la nature de notre âme et sur l’origine de nos idées, me paroissent de toutes les plus intéressantes. Il n’est pas probable que nous puissions jamais connoître les vérités éternelles qui expliquent l’existence de ce monde : le désir que nous en éprouvons est au nombre des nobles pensées qui nous attirent vers une autre vie ; mais ce n’est pas pour rien que la faculté de nous examiner nous-mêmes nous a été donnée. Sans doute c’est déjà se servir de cette faculté, que d’observer la marche de notre esprit tel qu’il est ; toutefois, en s’élevant plus haut, en cher-