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DE LA MORALE, etc.

«[1] Dès qu’on se met à négocier avec les circonstances, tout est perdu, car il n’est personne qui n’ait des circonstances. Les uns ont une femme, des enfants, ou des neveux, pour lesquels il faut de la fortune ; d’autres un besoin d’activité, d’occupation, que sais-je, une quantité de vertus qui toutes conduisent à la nécessité d’avoir une place à laquelle soient attachés de l’argent et du pouvoir. N’est-on pas las de ces substerfuges, dont la révolution n’a cessé d’offrir l’exemple ? L’on ne rencontroit que des gens qui se plaignoient d’avoir été forcés de quitter le repos qu’ils préféroient à tout, la vie domestique, dans laquelle ils étoient impatients de rentrer, et l’on apprenoit que ces gens-là avoient employé les jours et les nuits à supplier qu’on les contraignit de se dévouer à la chose publique qui se passoit parfaitement d’eux. »

Les législateurs anciens faisoient un devoir aux citoyens de se mêler des intérêts politiques. La religion chrétienne doit inspirer une dispo-

  1. Ce passage excita la plus grande rumeur a la censure. On eût dit que ces observations pouvoient empêcher d’obtenir, et surtout de demander des places.