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DE LA MORALE, etc.

CHAPITRE XII.

De la morale fondée sur l’intérêt personnel.


Les écrivains français ont eu tout-à-fait raison de considérer la morale fondée sur l’intérêt comme une conséquence de la métaphysique qui attribuoit toutes les idées aux sensations. S’il n’y a rien dans l’âme que ce que les sensations y ont mis, l’agréable on le désagréable doit être l’unique mobile de notre volonté. Helvétius, Diderot, Saint-Lambert, n’ont pas dévié de cette ligne, et ils ont expliqué toutes les actions, y compris le dévouement des martyrs, par l’amour de soi-même. Les Anglais, qui, pour la plupart, professent en métaphysique la philosophie expérimentale, n’ont jamais pu supporter cependant la morale fondée sur l’intérêt. Shaftsbury, Hutcheson, Smith, etc., ont proclamé le sens moral, et la sympathie, comme la source de