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INFLUENCE DE LA NOUVELLE PHILOSOPHIE.

sent après eux ni traces ni souvenirs ; mais de même que l’enthousiasme poétique peut se renouveler par le plus haut degré des lumières, la fermeté raisonnée devroit remplacer l’instinct de l’ignorance. C’est à la philosophie fondée sur la religion qu’il appartiendroit d’inspirer dans toutes les occasions un courage inaltérable.

Si toutefois la philosophie ne s’est pas montrée toute-puissante à cet égard en Allemagne, il ne faut pas pour cela la dédaigner ; elle soutient, elle éclaire chaque homme en particulier ; mais le gouvernement seul peut exciter cette électricité morale qui fait éprouver le même sentiment à tous. On est plus irrité contre les Allemands, quand on les voit manquer d’énergie, que contre les Italiens, dont la situation politique a depuis plusieurs siècles affoibli le caractère. Les Italiens conservant toute leur vie, par leur grâce et leur imagination, des droits prolongés à l’enfance, mais les physionomies et les manières rudes des Germains semblent annoncer une âme ferme, et l’on est désagréablement surpris quand on ne la trouve pas. Enfin la foiblesse du caractère se pardonne quand elle est avouée, et dans ce genre les Italiens ont une franchise singulière qui