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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

être employée dans une si importante méditation.

Le nouveau système de physique générale, qui sert de guide en Allemagne à la physique expérimentale, ne peut être jugé que par ses résultats. Il faut voir s’il conduira l’esprit humain à des découvertes nouvelles et constatées. Mais ce qu’on ne peut nier, ce sont les rapports qu’il établit entre les différentes branches d’études. On se fuit les uns les autres d’ordinaire, quand on a des occupations différentes, parce qu’on s’ennuie réciproquement. L’érudit n’a rien à dire au poëte, le poëte au physicien, et même, entre les savants, ceux qui s’occupent de sciences diverses ne s’intéressent guère à leurs travaux mutuels : cela ne peut être ainsi depuis que la philosophie centrale établit une relation d’une nature sublime entre toutes les pensées. Les savants pénètrent la nature à l’aide de l’imagination. Les poètes trouvent dans les sciences les véritables beautés de l’univers. Les érudits enrichissent les poëtes par les souvenirs, et les savants par les analogies.

Les sciences présentées isolément et comme un domaine étranger à l’âme n’attirent pas les esprits exaltés. La plupart des hommes qui s’y