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INFLUENCE DE LA NOUVELLE PHILOSOPHIE.

ration sans laquelle on ne peut comprendre la nature.

La théorie des sciences en Allemagne a donné aux esprits un élan semblable à celui que la métaphysique avoit imprimé dans l’étude de l’âme. La vie tient dans les phénomènes physiques le même rang que la volonté dans l’ordre moral. Si les rapports de ces deux systèmes les font bannir tous deux par de certaines gens, il y en a qui verroient dans ces rapports la double garantie de la même vérité. Ce qui est certain au moins, c’est que l’intérêt des sciences est singulièrement augmenté par cette manière de les rattacher toutes à quelques idées principales. Les poëtes pourroient trouver dans les sciences une foule de pensées à leur usage, si elles communiquoient entre elles par la philosophie de l’univers, et si cette philosophie de l’univers, au lieu d’être abstraite, étoit animée par l’inépuisable source du sentiment. L’univers ressemble plus à un poëme qu’à une machine ; et s’il falloit choisir, pour le concevoir, de l’imagination ou de l’esprit mathématique, l’imagination approcherait davantage de la vérité. Mais encore une fois il ne faut pas choisir, puisque c’est la totalité de notre être moral qui doit