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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

existe de nos jours. Les mystères d’Éleusis, le culte des Égyptiens, le système des émanations chez les Indiens, l’adoration des éléments et du soleil chez les Persans, l’harmonie des nombres qui fonda la doctrine de Pythagore, sont des traces d’un attrait singulier qui réunissoit l’homme avec l’univers.

Le spiritualisme, en fortifiant la puissance de la réflexion, a séparé davantage l’homme des influences physiques, et la réformation, en portant plus loin encore le penchant vers l’analyse, a mis la raison en garde contre les impressions primitives de l’imagination : les Allemands tendent vers le véritable perfectionnement de l’esprit humain, lorsqu’ils cherchent à réveiller les inspirations de la nature par les lumières de la pensée.

L’expérience conduit chaque jour les savants à reconnoître des phénomènes auxquels on ne croyoit plus, parce qu’ils étoient mélangés avec des superstitions, et que l’on en faisoit jadis des présages. Les anciens ont raconté que des pierres tomboient du ciel, et de nos jours on a constaté l’exactitude de ce fait dont on avoit nié l’existence. Les anciens ont parlé de pluies rouges comme du sang et des foudres de la terre, on