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INFLUENCE DE LA NOUVELLE PHILOSOPHIE.

se refoulent sans qu’aucune organisation indépendante les dirige.

Ceux qui considèrent la nature comme une intelligence ne donnent pas à ce mot le même sens qu’on a coutume d’y attacher ; car la pensée de l’homme consiste dans la faculté de se replier sur soi-même, et l’intelligence de la nature marche en avant, comme l’instinct des animaux. La pensée se possède elle-même puisqu’elle se juge ; l’intelligence sans réflexion est une puissance toujours attirée au dehors. Quand la nature cristallise selon les formes les plus régulières, il ne s’ensuit pas qu’elle sache les mathématiques, ou du moins elle ne sait pas qu’elle les sait, et la conscience d’elle-même lui manque. Les savants allemands attribuent aux forces physiques une certaine originalité individuelle, et d’autre part ils paroissent admettre, dans leur manière de présenter quelques phénomènes du magnétisme animal, que la volonté de l’homme, sans acte extérieur, exerce une très-grande influence sur la matière, et spécialement sur les métaux.

Pascal dit que les astrologues et les alchimistes ont quelques principes, mais qu’ils en abusent. Il y a eu peut-être dans l’antiquité des rapports plus intimes entre l’homme et la nature qu’il n’en