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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

volonté que consiste la conscience, et la conscience est et doit être affranchie de l’organisation corporelle. Tout ce qui tendroit à nous ôter la responsabilité de nos actions seroit faux et mauvais.

Un jeune médecin d’un grand talent, Koreff, attire déjà l’attention de ceux qui l’ont entendu, par des considérations toutes nouvelles sur le principe de la vie, sur l’action de la mort, sur les causes de la folie : tout ce mouvement dans les esprits annonce une révolution quelconque, même dans la manière de considérer les sciences. Il est impossible d’en prévoir encore les résultats ; mais ce qu’on peut affirmer avec vérité, c’est que si les Allemands se laissent guider par l’imagination, ils ne s’épargnent aucun travail, aucune recherche, aucune étude, et réunissent au plus haut degré deux qualités qui semblent s’exclure, la patience et l’enthousiasme.

Quelques savants allemands, poussant encore plus loin l’idéalisme physique, combattent l’axiome qu’il n’y a point d’action à distance, et veulent au contraire rétablir partout le mouvement spontané dans la nature. Ils rejettent l’hypothèse des fluides, dont les effets tiendroient à quelques égards des forces mécaniques qui se pressent et