Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 3, 1814.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

couleurs. Enfin, de toutes parts en Allemagne l’émulation est excitée par le désir et l’espoir de réunir la philosophie expérimentale et la philosophie spéculative, et d’agrandir ainsi la science de l’homme et celle de la nature.

L’idéalisme intellectuel fait de la volonté, qui est l’âme, le centre de tout : le principe de l’idéalisme physique c’est la vie. L’homme parvient par la chimie comme par le raisonnement au plus haut degré de l’analyse ; mais la vie lui échappe par la chimie, comme le sentiment par le raisonnement. Un écrivain français avoit prétendu que la pensée n’étoit autre chose qu’un produit matériel du cerveau. Un autre savant a dit que, lorsqu’on seroit plus avancé dans la chimie, on parviendroit à savoir comment on fait de la vie ; l’un outrageoit la nature comme l’autre outrageoit l’âme.

Il faut, disoit Fichte, comprendre ce qui est incompréhensible comme tel. Cette expression singulière renferme un sens profond : il faut sentir et reconnoître ce qui doit rester inaccessible à l’analyse, et dont l’essor de la pensée peut seul approcher.

On a cru trouver dans la nature trois modes