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INFLUENCE DE LA NOUVELLE PHILOSOPHIE.

On peut diviser les savants de l’Allemagne en deux classes, ceux qui se vouent en entier à l’observation, et ceux qui prétendent à l’honneur de pressentir les secrets de la nature. Parmi les premiers on doit citer d’abord Werner, qui a puisé dans la minéralogie la connoissance de la formation du globe et des époques de son histoire ; Herschel et Schroeter, qui font sans cesse des découvertes nouvelles dans le pays des cieux ; des astronomes calculateurs tels que Zach et Bode ; de grands chimistes tels que Klaproth et Bucholz ; dans la classe des physiciens philosophes il faut compter Schelling, Ritter, Bader, Steffens, etc. Les esprits les plus distingués de ces deux classes se rapprochent et s’entendent, car les physiciens philosophes ne sauroient dédaigner l’expérience, et les observateurs profonds ne se refusent point aux résultats possibles des hautes contemplations.

Déjà l’attraction et l’impulsion ont été l’objet d’un examen nouveau, et l’on en a fait une application heureuse aux affinités chimiques. La lumière, considérée comme un intermédiaire entre la matière et l’esprit, a donné lieu à plusieurs aperçus très-philosophiques. L’on parle avec estime d’un travail de Goethe sur les