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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

étudier tout ce qui en dérive ; mais on ne sait guère rien de l’ensemble en toutes choses qu’à l’aide des détails, et la nature n’est pour l’homme que les feuilles éparses de là sibylle, dont nul, jusqu’à ce jour, n’a pu faire un livre. Néanmoins les savants allemands, qui sont en même temps philosophes, répandent un intérêt prodigieux sur la contemplation des phénomènes de ce monde : ils n’interrogent point la nature au hasard, d’après le cours accidentel des expériences ; mais ils prédisent par la pensée ce que l’observation doit confirmer.

Deux grandes vues gênérales leur servent de guide dans l’étude des sciences ; l’une, que l’univers est fait sur le modèle de l’âme humaine, et l’autre, que l’analogie de chaque partie de l’univers avec l’ensemble est telle que la même idée se réfléchît constamment du tout dans chaque partie, et de chaque partie dans le tout.

C’est une belle conception que celle qui tend à trouver la ressemblance des lois de l’entendement humain avec celles de la nature, et considère le monde physique comme le relief du monde moral. Si le même génie étoit capable de composer l’Iliade et de sculpter comme Phidias,