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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

La philosophie nouvelle a déjà exercé sous plusieurs rapports son influence sur les sciences physiques en Allemagne ; d’abord le même esprit d’universalité que j’ai remarqué dans les littérateurs et les philosophes se retrouve aussi dans les savants. Humboldt raconte en observateur exact les voyages dont il a bravé les dangers en chevalier valeureux, et ses écrits intéressent également les physiciens et les poëtes. Schelling, Bader, Schubert, etc., ont publié des ouvrages dans lesquels les sciences sont présentées sous un point de vue qui captive la réflexion et l’imagination : et long-temps avant que les métaphysiciens modernes eussent existé, Keppler et Haller avoient su tout à la fois observer et deviner la nature.

L’attrait de la société est si grand en France, qu’elle ne permet à personne de donner beaucoup de temps au travail. Il est donc naturel qu’on n’ait point de confiance dans ceux qui veulent réunir plusieurs genres d’études. Mais dans un pays où la vie entière d’un homme peut être livrée à la méditation, on a raison d’encourager la multiplicité des connoissances ; on se donne ensuite exclusivement à celle de toutes que l’on préfère ; mais il est peut-être impossible de com-