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NOUVELLE PHILOSOPHIE ALLEMANDE.

santes ; mais s’il est vrai qu’elles doivent nous éclairer sur les mystères mêmes du monde créé à notre image, quelle curiosité n’inspirent-elles pas ! L’entretien d’un philosophe allemand, tel que ceux que j’ai nommés, rappelle les dialogues de Platon ; et quand vous interrogez un de ces hommes sur un sujet quelconque, il y répand tant de lumières qu’en l’écoutant vous croyez penser pour la première fois, si penser est, comme le dit Spinosa, s’identifier avec la nature par l’intelligence, et devenir un avec elle.

Il circule en Allemagne, depuis quelques années, une telle quantité d’idées neuves sur les sujets littéraires et philosophiques, qu’un étranger pourroit très-bien prendre pour un génie supérieur celui qui ne feroit que répéter ces idées. Il m’est quelquefois arrivé de croire un esprit prodigieux à des hommes d’ailleurs assez communs, seulement parce qu’ils s’étoient familiarisés avec les systèmes idéalistes, aurore d’une vie nouvelle.

Les défauts qu’on reproche d’ordinaire aux Allemands dans la conversation, la lenteur et la pédanterie, se remarquent infiniment moins dans les disciples de l’école moderne ; les personnes du premier rang en Allemagne se sont for-